MISSION « MAURITANIE »
Nous sommes six bénévoles et salariés bretons à nous être rendus en Mauritanie en décembre 2012, après une étape au Sénégal, afin de développer notre partenariat avec Caritas Mauritanie.
Arrivée et découverte de Nouakchott
À l'issue d’un long voyage, mais dans une bonne ambiance, nous faisons connaissance avec l’équipe de Caritas Mauritanie et découvrons la mission « Mauritanie » - délégation du Finistère - Secours catholique, la ville, son ambiance.
Ensuite, nous entamons notre périple en commençant par visiter le centre de formation et d’insertion professionnelle tenu par Caritas : cours d’alphabétisation, de coiffure, de mécanique et électricité auto, d’informatique... Nous rencontrons aussi deux jeunes en apprentissage : l’un au garage Madrid, l’autre chez un menuisier.
Après le déjeuner, nous partons à Dar Naïm, au nord de la ville. Accompagnés de Lena et Diary, nous visitons Coopératif couture : elles sont une dizaine pour teindre, coudre, broder, faire des coussins en cuir... Cette façon de travailler permet aux femmes de mieux s’organiser et de se connaître. Nous visitons également un salon de coiffure où travaillent quatre jeunes formées au centre et accompagnées pour le démarrage de leur activité.
Le long du fleuve Sénégal
Lundi, après plusieurs contrôles d’identité, nous arrivons à Boghé, au sud-est de la capitale, sur le fleuve Sénégal, et nous sommes accueillis par l’équipe chargée du projet de développement du Brakna Sud. Nous découvrons l’art de manger à la main : avec du riz bien chaud et bien gras, cela nous est difficile de faire des boulettes. Ensuite, départ pour deux visites :
- à N’Diorol, au bord du fleuve du Sénégal, où nous découvrons le fonctionnement de la coopérative maraîchère : les petites parcelles sont prêtes pour y repiquer les légumes, pendant que les hommes s’occupent de la riziculture.
- à Browdé, village d’éleveurs : l’élevage est un travail réservé aux hommes, nous dit-on ! Pourtant à l’heure de la traite, ce sont les femmes qui partent discrètement.
Le lendemain, nous visitons le marché d’Aéré M’Bar : le bâtiment a été construit dans le cadre du projet de développement. Nous allons ensuite à Dioudé Daade Mayo, toujours sur le fleuve Sénégal, espace de riziculture ; nous observons entre autres la motopompe dont les cylindres sont capricieux : le problème de l’eau est vraiment récurrent par ici ! La visite se termine dans la boutique construite en 2009 pour la coopérative des femmes. Sept d’entre elles gèrent cette boutique 24 h sur 24 ! Tous les six mois, elles calculent les bénéfices pour reverser à chacune sa part. Nous visitons également le verger où les hommes ont creusé des trous de plusieurs mètres pour y planter des manguiers, bananiers, goyaviers. L’eau vient du puit, mais il faut aller très en profondeur (60 mètres) pour la remonter et le seau est très lourd.
Le mercredi, nous remontons à Nouakchott, pour échanger avec les personnes du siège de Caritas, et rencontrer l’évêque. Puis nous allons nous coucher de bonne heure, car le lendemain nous partons pour Nouadhibou, tout au nord du pays.
Vers Nouadhibou, la ville du Nord
Nous partons très tôt pour un voyage de 500 km, avec arrêt obligatoire à mi-route à la gare du Nord pour faire le plein et se rafraîchir. À l’arrivée, nous sommes accueillis par le père Jérôme pour un déjeuner tardif mais réparateur ; il nous emmène à l’Alliance française où nous rencontrons la directrice, également consule de France. Nous découvrons ensuite les cours d’alphabétisation (français, arabe, calcul) organisés par la paroisse, puis nous rencontrons les membres du Club Unesco.
Le lendemain, nous participons à la réunion hebdomadaire de l’équipe paroissiale, nous visitons « Coopératif El Fatima » où les femmes, soutenues par la paroisse, teignent, cousent et commercialisent vêtement et nappes. À 17 h nous nous rendons à une conférence sur le thème « Regard mauritanien sur la migration », puis participons à la remise des attestations de formation décernées à la fin du cycle de cours. Après la messe, nous rencontrons de manière informelle les migrants qui sont restés. C’est un moment fort où certains, comme Joséphine et son fils Kévin, évoquent une histoire très douloureuse (assassinats du mari et de quatre des enfants en Côte d’Ivoire) et font part de leurs désespérances face à un avenir impossible.
Retour vers la capitale, puis vers la France
Le samedi, nous retraversons le pays pour revenir à Nouakchott. Après le déjeuner, Lô vient nous chercher pour faire le bilan et participer à une petite fête organisée au siège [de Caritas Mauritanie]. Dimanche, nous partons au poste de santé de Dar Naïm avec Diallo, le chef de projet : sur 120 à 200 patients suivis chaque jour, 90 % sont des femmes et des enfants. Et enfin, lundi, 5 h, c’est le départ pour la France.
Quelques impressions, pour conclure
Mon regard envers les musulmans et leur religion a changé : j’ai trouvé les Mauritaniens chaleureux, accueillants et respectueux envers nous ; cependant, ils ne comprennent pas qu’en France, nous acceptions que des femmes musulmanes se voilent, surtout avec la burka. Personnellement là-bas je n’en ai vu que deux ! Selon eux, [certains] musulmans de France donnent une mauvaise image d’eux et de leur religion.
L’autonomisation change aussi le regard : ils [comprennent] vite que si nous ne pouvons subvenir à tous leurs besoins, ils se sentent responsables de leur destin pour tendre vers leur objectif. Cela est valable là-bas mais également en France, où nous devrions réfléchir avant de ne faire que de l’assistanat alimentaire ou financier, sans chercher à savoir si c’est réellement bien pour la personne.
- Martine Mancion -