Tempêtes : Le service Urgence du Secours Catholique
Octobre 2023 : la tempête Ciaran
La tempête Ciaran a profondément impacté notre département du Finistère. Cette période a mis en évidence notre fragilité face aux aléas climatiques. Le Secours Catholique a-t-il un rôle à jouer lorsque de tels événements se produisent ?
Clairement oui. Notre association a d'ailleurs signé une convention auprès de la préfecture du Finistère, un agrément de type B de soutien aux populations sinistrées.
Dans ce cadre, la préfecture nous a adressé une liste de 56 personnes privées d’électricité auxquelles nous pouvions rendre visite et apporter un soutien moral. Cette communication adressée tardivement n’a sans doute pas permis de répondre aux besoins exprimés depuis des jours.
Peut-être vous-même avez-vous agi sur le terrain auprès de vos voisins, familles ?
La délégation du Secours Catholique du Finistère a adressé une demande aux équipes concernées qui, pour certaines d’entre elles, ont répondu favorablement à la demande de la préfecture en contactant ou en rendant visite aux personnes affectées par cette tempête.
Il en ressort que l’ensemble des acteurs de notre délégation se sent concerné non seulement lors de crises comme celle-ci mais aussi lors d'événements qui peuvent affecter une commune (incendie, relogement en urgence). Notre action doit porter sur ce que l’on sait faire : visite à domicile, soutien moral, et soutien financier si besoin.
Nous pouvons toujours compter sur l’appui de l’équipe nationale Urgence dont les missions sont présentées ci-dessous.
Rôle du service Urgence France :
L’équipe nationale des Urgences-France est au service de la délégation. D'abord, dans le cadre d'une primo-évaluation. Ensuite, si la délégation le souhaite, dans le déploiement du dispositif. Notre soutien auprès des personnes sinistrées se situe dans l’écoute et le réconfort moral ainsi que dans le fait de permettre aux personnes sinistrées de rétablir un équilibre et une vie normale, à l’aide si besoin d’aides matérielles.
Le Secours Catholique intervient en post-urgence lorsque les premiers acteurs engagés se retirent et que le moral chute (la situation avance peu et devrait durer, sentiment d’être abandonné, etc.). La force du réseau du Secours Catholique-Caritas France est de pouvoir être en soutien aussi longtemps que nécessaire, parfois plusieurs mois après la catastrophe.
Un exemple d’intervention de l’urgence par la délégation du Finistère
Urgence en Charente-Maritime : « Les sinistrés du séisme Aunis »
par Denis Rogard (responsable de l’équipe de Châteauneuf) et Erwan Gueguen (animateur en charge de la thématique Urgence)
"Avec Erwan, je me suis rendu en Charente-Maritime pendant une semaine (du 13 au 17 novembre) en post-urgence lors du séisme de la plaine d’Aunis. Le tremblement de terre a eu lieu le 16 juin 2023 à 18h36 avec une très forte réplique vers 4h le lendemain matin. Les trois communes les plus affectées sont Cram-Chaban, La Laigne et La Grève-sur-le-Mignon. Plus de 200 familles ont dû être relogées. Les maisons ont été classées en quatre catégories :
Noire : maison en arrêté de péril (à détruire)
Rouge : maison partiellement accessible
Jaune : maison habitable mais détériorée
Verte : maison très peu dégradée
L’objectif de ce dispositif est d’aider à rebondir et à retrouver une vie normale.
Le PCO (poste de coordination opérationnelle) est situé à Ferrière dans les locaux de la communauté de communes.
Le PCS (poste de coordination sur site) est basé à la mairie de Cram-Chaban.
La semaine a commencé par une demi-journée d’information et de formation puis par binôme, nous avons rendu visite aux familles sinistrées, chez elles. Nous étions trois binômes composés de bénévoles des équipes de proximité, de La Rochelle et de toute la France.
Notons que la situation a été aggravée depuis le séisme par deux tempêtes et des récentes inondations.
Pour ma part, j’ai fait équipe avec Catherine, une bénévole de Charente-Maritime. Nous avons rendu visite à une moyenne de 5 à 10 familles par jour. Notre priorité a été l’écoute et le réconfort psychologique. La durée des visites a été très variable : de 5 minutes à plus de 2 heures. Dans la très grande majorité des maisons nous avons été bien accueillis et nous avons ressenti beaucoup de résilience. La phrase la plus entendue a été : « C’est difficile mais il y a pire que moi... Il faut aller de l’avant. »
La plus grande difficulté des personnes rencontrées était la manque de lisibilité pour l’avenir avec les contradictions administratives auprès des assurances. Certaines familles sont logées dans des mobile homes. La promiscuité et l’humidité impactent sur le moral des familles.
Cette semaine a été pour moi très riche en rencontres auprès de personnes courageuses, pleines de résilience mais aussi d’espérance.
Pour conclure cette mission, nous avons fait une relecture de notre séjour et l’animatrice de la délégation, Émilie, nous a proposé le très beau texte de la légende du colibri de Pierre Rabbi. Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul, le colibri s’activait, en allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part... »